Le triple résultat (Triple Bottom Line)


Le triple résultat, ou Triple Bottom Line (3BL), est une expression qui est apparue à la fin des années 1990 dans le but d’illustrer le développement durable en entreprise. Il consiste à évaluer comment l’entreprise performe selon les « 3P »; Personnes, Planète et Profits (Social, environnemental et économique). On peut donc produire un « état des résultats », non seulement où l’on montre les profits (pertes) liées aux activités économiques, mais aussi aux activités sociales et environnementales. Ce triple résultat montre l’impact d'une décision ou d'une stratégie sur les personnes, sur la planète et sur les profits.


L’idée derrière le 3BL est qu’une décision, si on veut générer de la valeur à long terme, ne doit pas être centrée uniquement sur l’un des « P ». Elle doit générer un résultat positif sur les finances de l’entreprise, sur son milieu social et sur l’ensemble de ses parties prenantes, tout en travaillant en harmonie avec son écosystème et en préservant la biodiversité.

Green City Blue Lake -  www.gcbl.org/economy
Plusieurs auteurs proposent des évolutions différentes du concept. Par exemple, le Green City Blue Lake propose une explication des liens entre les 3P. Leur diagramme montre la différence entre prendre une décision durable (prenant en considération les 3P) et les autres relations ne prenant en considération que 2P, soit socio-économique ou équitable (création d'emploi, impacts économiques locaux, investissements sociaux...), socio-environnemental ou  supportable (santé et sécurité, accès à l'eau potable...) et éco-efficiente ou viable (utilisation efficiente des ressources, gestion du cycle de vie du produit...).

Relations directionnelles selon Dyllick et Hockerts
Thomas Dyllick et Kai Hockerts (2002) vont encore plus loin dans leur explication des relations en montrant les relations directionnelles entre les trois aspects. Il fait, par exemple, une différence entre les impacts environnementaux d’une décision qui serait posée dans un cadre économique (business case) et les impacts économiques d’une décision qui serait posée dans un cadre environnemental (natural case). Par exemple, changer un équipement parce qu’il coûte moins cher en consommation d’énergie est une décision éco-efficace (décision économique ayant un impact environnemental) tandis que si on décide de produire des emballages plus petit et consommant moins de ressources vient à, par le même fait, faire baisser les coûts d’entreposage, on parle d’une décision éco-efficiente (décision environnementale ayant un impact économique).

Matrice du développement durable - SLDI
La Sustainable Land Development International propose aussi une illustration articulant autour du concept du 3BL, qui consiste à faire des liens entre la création de valeur, la qualité de vie et la nature. On y retrouve des éléments communs aux deux modèles précédents. La relation de suffisance (selon les termes de Dyllick et Hockerts) s'exprime la coexistence des humains et de la nature et celle d'équité écologique, par l'acceptation de la responsabilité. Ces deux éléments socio-environnementaux expriment la notion de support entre les personnes et la planète.

On peut donc conclure qu'une décision peut être durable si elle a un impact positif à la fois sur l'économie, l'environnement et sur la société, donc si elle est équitable, viable et supportable. Et pour en être certain, on doit trouver des moyens de mesurer de manière fiable son efficacité et son efficience sociale et écologique en plus de son équité écologique et sa capacité à être suffisante.


4 commentaires:

Marion Keraval a dit…

Pensez- vous que les actionnaires se préoccupent des indicateurs relatifs à l’impact social et environnemental dans les rapports ? A qui sont destinées ces informations ? Certains actionnaires veulent de la performance à court terme donc ils ne seront pas intéressés par la croissance à long terme de l’entreprise.
Vous parlez de mesurer de manière fiable l’impact des entreprises sur l’environnement, l’humain , l’économie. Quels sont les indicateurs utilisés par les entreprises ? Sont- ils les mêmes pour toutes ? Qui les définit ? L’entreprise elle-même ?

Elodie a dit…

Ne pensez vous pas que le concept du "développement durable" est très axé "pays riches" dans le sens où maintenant que ces pays se sont développés, ils imposent des restrictions aux pays émergents?

Audrey a dit…

C'est vrai, n'y a t-il pas dans le concept de développement durable un défi en matière d'éthique des affaires ? Comme le dis Elodie, comment faire accepter à des pays à peine entrés dans le mouvement de croissance le concept de développement durable, alors que 20% de la population consomme 80% des ressources naturelles. Je me demander si la mondialisation ne constituera pas un frein au développement durable.

Stéphane a dit…

@Marion: Je crois que le défis est justement de convaincre les analystes financiers que des actions durables augmentent la valeur de l'entreprise à long terme. Et c'est pourquoi des indicateurs et des mesures fiables sont si importantes. En admettant que la valeur d'une entreprise reflète les flux futurs actualisés, même un investisseur à court terme bénéficie d'une stratégie à long terme.

@Elodie et Audrey: C'est un gros défis mais c'est aussi une opportunité incroyable pour les pays en voie de développement. Ceux-ci peuvent observer ce qui s'est fait de bien et ce qui s'est moins bien fait pour coordonner leur développement.

On peut prendre l'exemple de l'Europe vs l'Amérique du Nord sur une facette technologique pour extrapoler vers les pays en voie de développement. Le réseau filaire en Amérique du Nord était bien mieux établi, et depuis longtemps, en Amérique qu'ailleurs dans le monde. Lors de l’arrivée de la technologie sans-fil cellulaire, la vitesse d’implantation et le taux de pénétration de la technologie ont été beaucoup plus importants en Europe, Asie, Amérique latine et même dans plusieurs pays africains qu'en Amérique du Nord, particulièrement au Canada. La raison principale étant qu’ici, les besoins de télécommunication étaient déjà satisfaits et s’appuyaient sur un réseau fiable où des investissements importants avaient été faits. Tout le monde avait déjà une ligne filaire à un faible coût pour appeler donc l’investissement dans la nouvelle technologie était optionnelle. Ailleurs, où le réseau filaire était moins développé, les investissements en sans-fil on été davantage nécessaires.

En transposant la même logique aux pays en voie de développement, les pays riches ont le désavantage d'avoir investi lourdement dans des industries, dans des façons de faire et dans un mode de vie qui ne sont pas durables. Ces investissements massifs rendent difficile un changement vers une économie plus durable. Un pays en voie de développement ayant moins d'infrastructures déjà établies qui déciderait de concentrer ses efforts dans un développement durable et qui trouverait une façon d'arriver à un niveau de vie intéressant aurait automatiquement un avantage long terme important sur les "vieilles puissances".

Évidemment, ce n’est pas facile à faire parce que le seul modèle que nous connaissons à l’heure actuelle pour arriver à un haut niveau de vie est basé principalement sur la création de valeur économique, de plus en plus sur la création de valeur sociale et très peu sur la création de valeur environnementale. Un pays qui réussirait à démontrer qu’il est possible d’augmenter le niveau de vie de ses habitants en mettant autant l’emphase sur l’économie que sur les volets social et environnemental deviendrait alors un modèle à suivre pour les autres. C’est difficile à imaginer mais pas nécessairement impossible. À l’époque des empires coloniaux, il était difficile de croire qu’un modèle de libre marché capitaliste et démocratique allait dominer le monde pour les siècles à suivre parce qu’un empire colonial était le meilleur système connu pour générer des richesses… et pourtant, de nouvelles nations « en développement » à cette époque ont adopté ce système et sont devenues des puissances mondiales alors que des puissants empires sont tombés, n’ayant pas été en mesure de s’adapter.

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Ce blogue a été créé dans le cadre du cours "Nouveaux courants en comptabilité de management" (CTB-6004) du MBA en comptabilité de l'Université Laval enseigné par le professeur Jean-François Henri, Ph.D, FCMA.