Comptabilité durable et comptabilité de management durable (Partie 2 de 2)
Une fois les éléments importants identifiés et mesurés, des outils sont proposés pour pouvoir les gérer et les contrôler efficacement. J'ai trouvé l'éco-contrôle et le tableau de bord équilibré durable (sustainable balanced scorecard) assez faciles à utiliser et comprendre. Voici un bref résumé des deux outils.
Tableau de bord équilibré durable
De nombreux autres outils permettent de mieux gérer la performance durable. À mon avis, ce qu'on doit retenir pour les années à venir au niveau de la comptabilité en développement durable, c'est qu'on devra s'entendre sur des indicateurs fiables qui reflètent bien les impacts économiques, sociaux et environnementaux des décisions prises par les entreprises et les organismes publics. À partir du moment où il y aura un certain consensus sur les indicateurs quant à la validité des informations récoltées et à la fiabilité de leur mesure, les dirigeants, les gestionnaires et les entrepreneurs pourront réellement imaginer des stratégies, utiliser des outils et modèles de gestion et concevoir des modèles d'affaire qui seront viables économiquement, socialement et environnementalement à long terme. En mesurant efficacement la performance durable, les parties prenantes pourront juger, de façon indépendante, si les entreprises créent réellement de la valeur à long terme.
Éco-contrôle
Pour résumer l’éco-contrôle, on pourrait simplement dire que c'est l'utilisation des indicateurs de mesure de performance environnementale et sociale dans la gestion courante dans le but d’aider l’entreprise à s’adapter à son milieu et de répondre aux demandes des parties prenantes. Par exemple, on peut utiliser les indicateurs éco-efficients (tel que vus dans le message précédent) pour gérer les activités et prendre des décisions opérationnelles ou stratégiques, comme on se servirait de ratios pour mesurer le rendement d'une entreprise, ses rotations, ses marges, etc. Selon une étude menée par Henri & Journeault (2010), contrairement aux systèmes de contrôle de gestion en général, il n’y aurait pas de relation directe entre l’éco-contrôle et la performance économique. Par contre, l’éco-contrôle aiderait clairement à la performance environnementale car il fournit de l’information comptable et environnementale pertinente. Donc même s’il n’a pas un effet direct (ni positif, ni négatif) sur les performances économiques, il est un outil utile pour aider à gérer l’impact environnemental et l’image corporative, la relation avec les parties prenantes et l’amélioration des processus et des produits.
Tableau de bord équilibré durable
Lorsqu'une entreprise utilise déjà un tableau de bord équilibré, il me semble très facile d'y ajouter les aspects durables pour le transformer en tableau de bord équilibré durable. C'est ce que de nombreux auteurs (entre autre: James (1994), Hahn et al. (2002), Chatterji & Levine (2006) et Wyatt (2008)) proposent. Ils suggèrent d’ajouter les trois dimensions du développement durable au tableau de bord de Kaplan et Norton afin d’intégrer les enjeux sociaux et environnementaux à la stratégie d’entreprise à long terme. Hahn et al. (2002) suggèrent d’intégrer les aspects environnementaux et sociaux au tableau de bord selon trois méthodes résumées dans le tableau suivant :
Méthode
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Avantages
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Limites
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À travers des quatre perspectives existantes (financier, client, interne et apprentissage organisationnel et développement)
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Les aspects deviennent partie intégrante de la stratégie existante et crée un lien cause à effet avec une perspective financière.
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La logique du tableau de bord demeure uniquement dans la sphère économique. Ne reste pertinent que pour les entreprises qui ont déjà des aspects commerciaux environnementaux et sociaux.
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Intégrer une 5e perspective « non-commerciale », soit environnementale et sociale
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Intègre les éléments stratégiques qui sont « non intégré commercialement ».
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La nouvelle perspective doit absolument représenter un aspect stratégique essentiel au succès de la stratégie d’entreprise. Pertinent uniquement si le nouvel aspect ne peut être inclus dans les 4 perspectives existantes.
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Concevoir un tableau de bord spécifique pour ces enjeux
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Clarifie et facilite la coordination des unités stratégiques d’affaire sur leur tableau de bord.
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Ne doit pas être développé parallèlement avec le tableau de bord existant mais comme une extension de ce dernier.
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De nombreux autres outils permettent de mieux gérer la performance durable. À mon avis, ce qu'on doit retenir pour les années à venir au niveau de la comptabilité en développement durable, c'est qu'on devra s'entendre sur des indicateurs fiables qui reflètent bien les impacts économiques, sociaux et environnementaux des décisions prises par les entreprises et les organismes publics. À partir du moment où il y aura un certain consensus sur les indicateurs quant à la validité des informations récoltées et à la fiabilité de leur mesure, les dirigeants, les gestionnaires et les entrepreneurs pourront réellement imaginer des stratégies, utiliser des outils et modèles de gestion et concevoir des modèles d'affaire qui seront viables économiquement, socialement et environnementalement à long terme. En mesurant efficacement la performance durable, les parties prenantes pourront juger, de façon indépendante, si les entreprises créent réellement de la valeur à long terme.
Publié par
Stéphane
Libellés :
Éco-Contrôle,
Outils aidant à la gestion de la performance durable,
tableau de bord de développement durable
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À propos
Ce blogue a été créé dans le cadre du cours "Nouveaux courants en comptabilité de management" (CTB-6004) du MBA en comptabilité de l'Université Laval enseigné par le professeur Jean-François Henri, Ph.D, FCMA.
2 commentaires:
Bien intéressant ton post stephane, mais bien que l'article sur l'éco-contrôle de Henry & Journault ait démontré qu'il n'y avait pas d'impact financier direct à l'éco-contrôle, de celui-ci sur la performance environnementale faisait en sorte indirectement d'améliorer l'aspect financier. Par ailleurs, bien d'autres recherches ont démontré un impact financier direct d'une stratégie et d'outils de mesure de la performance environnementale. Notamment Epstein dans son livre "making sustainability work" lui établit un lien direct entre la performance environnementale et la performance financière. Selon lui, pour que la statégie implanté soit efficace, doit être cohérente avec les "inputs" qui forme l'environnement externe et interne, doit être intégré aux "processes" pour bien les transformés en "output" et en résulter en bénéfices financié.
Mais comme tu l'as dit, il est primordiale de ne pas implanter une stratégie environnementale en parallèle avec la stratégie globale, mais les ammarrés l'une à l'autre.
Merci Benoît, je vais jeter un coup d'oeil sur le livre d'Epstein.
Concernant la performance financière, j'ai trouvé que dans la littérature, on mentionne peu l'impact sur l'évaluation de l'entreprise. Mon impression sur le sujet est que si on admet que de bien mesurer la performance environnementale et sociale permet d'améliorer cette performance à long terme, on peut conclure que la valeur totale de l'entreprise à long terme sera aussi supérieure (moins de risques de poursuite, moins de chance d'un boycott de la part des clients ou moins sensible à un changement de réglementation par exemple). En considérant un risque moins élevé, les différentes parties prenantes seront conséquemment plus encline à investir dans l'entreprise ou à faire affaire avec elle. On peut donc supposer que les investisseurs demanderaient un taux de rendement moins élevé, les banques un plus faible taux d'intérêt. De plus, l'entreprise pourrait bénéficier de plus de subventions gouvernementales. En ayant accès plus facilement à du financement, les possibilités de croissance de l'entreprise sont automatiquement augmentées.
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